Galerie 2016

Le chemin qui m’a amené du domaine de l’architecture à la peinture s’est fait petit à petit, par touches successives, en regard de ma propre expérience de vie.
En effet, partant de cette formation d’architecte, dont la base est structurée de codes et de formes pour la conception et la construction d’espaces, j’ai éprouvé le besoin dans mes premiers travaux de déconstruire, de provoquer la décomposition et le désordre, en peignant des amas d’objets en tous genre. L’idée sous-jacente était déjà d’essayer de troubler le regard par une mise en scène de la désorganisation d’objets du quotidien.

M’est venue par la suite, au gré de mes pérégrinations, cette envie de fixer des moments »volés » que je captais çà et là dans mon environnement. Des « arrêts sur images »,  petites histoires glanées lors de  flâneries, de ballades et de voyage, qui sont ainsi devenus les sources de mon inspiration. Ceux-ci sont comme des pauses dans le flux de la vie quotidienne.
Ces images prises sur le vif, je les travaille telles quelles en ne leur faisant subir aucune transformation. Souvent, elles sont dès l’origine troubles, déformées, transformées, transgressées par le temps ou par le déplacement, par leur reflet ou leur miroir. Elles dégagent une ambiguïté  qui me fascine au travers de ces différentes lectures. Selon les situations, le paysage côtoie l’anecdote, le sujet principal devient secondaire, et différentes histoires s’entremêlent.

La plupart du temps les compositions de mes tableaux prennent forme d’elles même, par la superposition d’éléments qui génèrent des situations inattendues. L’image proposée n’est alors pas une  proposition de la vision réelle, mais plutôt d’une vision transformée, comme si on la découvrait à travers différents filtres.

L’équilibre de la composition d’ensemble, le point de vue, la qualité de la lumière et le rapport entre les formes sont des clés nécessaire à la réalisation de mes tableaux. Mais ce qui compte le plus pour moi, c’est qu’il s’en dégage une atmosphère hors du temps qui peut se traduire par un sentiment de nostalgie voire de mélancolie, souvent silencieuse, qui donne l’occasion au spectateur de s’évader dans son propre univers.

Je ne peux me détacher d’une envie tenace d’aller au plus précis, et de créer le trouble par la netteté du trait , de voir le grand au travers du plus petit. C’est donc dans un travail de longue haleine que prennent forme mes tableaux , où l’évidence de mon sujet ne surgit qu’au dernier coup de pinceau.